vendredi 22 mars 2013

Super héros ...

Avant je détestais, après avoir découvert un artiste inconnu du grand public, me rendre compte que quelques mois plus tard il passait chez Denisot ou finissait en habillage sonore pour les derniers yaourts Taillefine. Comme si sa musique n'avait atteint que moi, comme si j'avais découvert une terre inconnue que je ne pouvais qu'être la seule à comprendre. C'est une preuve manifeste d'ego surdimensionné me direz-vous, mais ne le prenez pas ainsi il n'en est rien. Je ne sais pas ce qu'à vous procure la découverte d'une identité musicale qui vous touche mais pour moi ça peut parfois devenir très troublant, entêtant, compulsif, incessant, comme si la personne à l'origine de ce son avait écrit la musique de ma vie, de mon âme. Certaines musiques m'emportent à un point que je ne saurais nommer. Il y a celles bien sûr celles qui me réveillent, celles qui me réconfortent, celles qui m'amusent, celles qui me rappellent des souvenirs mais d'autres indescriptibles qui touchent en plein coeur et me projettent vers un autre moi, me remplissent d'une force inexplicable.
Maintenant je me réjouis quand un artiste qui mérite d'être connu par son travail l'est, mais j'ai toujours le pincement au coeur de me demander si les autres le reconnaitront à sa juste valeur. Je garde ce sentiment d'avoir été dépossédée. C'est très intime, très mégalo de raconter ce genre de choses, c'est un peu étrange également mais c'était une intro obligée pour parler de ce personnage qui se fait une belle réputation actuellement.

J'ai découvert Woodkid l'été dernier avec le titre "Run Boy Run", qui a fait l'effet d'une bombe dans ma cage thoracique et m'a donné envie de soulever des montagnes. J'écoutais très souvent son EP sur Spotify et ne me lassais pas de ce son, onirique, empirique, épique, digne de la bande son d'une trilogie mondialement connue. Et cette voix, grave, chaude, forte, précise, rappelant très légèrement celle d'Antony (and the Johnsons). Et puis comme j'ai grandi quand même (un petit peu) j'ai passé l'âge de passer une heure sur le net pour tout savoir de l'artiste, à l'époque je ne connaissais que sa collaboration avec Lana Del Rey et son travail de réalisateurs de clips.

Et puis le 18 Mars dernier Woodkid a sorti son album "The Golden Age". Et en quelques jours, le mystère que j'avais préservé autour de ce personnage, attendant simplement la sortie d'un album, a été complètement levé par tous les médias confondus. Je vous laisserai le soin d'aller voir de vous même sur la toile, vous saurez maintenant tout de lui. Une chose que j'ai quand même apprise qui m'a complètement bluffée, c'est que Yoann Lemoine (Woodkid donc) est le réalisateur de ce film publicitaire qui avait cartonné au Festival d'Animation d'Annecy et qui m'avait marquée par son culot plus qu'efficace. Damned l'ai-je croisé au détour d'une séance cette année là ?




Je ne veux pas faire partie de ceux qui déclarent revenir sur leur position et avouer finalement être très déçus de l'album, du personnage, etc... à cause de la médiatisation. Je pense qu'il faut plutôt se réjouir pour lui. Je ne veux pas non plus, être de ceux qui intellectualisent la moindre chose et doivent absolument tout pouvoir étiqueter (afin de rester maître de leur intelligence) en affirmant que Woodkid est un jeune mec mégalo et prétentieux qui s'est inventé de toutes pièces. Je continue à y voir un génie, un véritable artiste avec une véritable culture musicale et graphique et ce que j'aime par dessus tout un son inclassable, unique et impossible à reproduire à grande échelle.
Dans cette société où tout doit pouvoir être exposé, décortiqué, analysé, compris, assimilé et reproductible, il est bon (agréable? utile ? bénéfique ?) de voir qu'il y a de vrais résistants, esthètes de surcroît qui n'imposent rien, mais s'offrent à travers leur vécu, leurs rêves, leur imaginaire, leur culture juste par envie et plaisir.






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