samedi 20 avril 2013

Yes we can !

J'ai un ami proche avec qui j'ai eu mille fois la discussion du sens de la vie, sur ce qu'on en attend, ce qu'on doit faire pour y trouver le bonheur, la difficulté à trouver l'équilibre entre le confort et le bien être, carrière et qualité de vie. On a eu mille fois cette discussion pour se convaincre que l'argent, le matériel c'est pas important. Que profiter de l'instant présent, respirer le bon air pur de nos montagnes, se prélasser dans les champs et tremper ses orteils dans l'eau limpide du lac c'est la vraie richesse d'une vie. 

Oui mais voilà je crois que ce genre d'utopie, de vie possible, ça existe lorsqu'on fait le choix de couper définitivement avec le système. J'ai appris il y a peu qu'une de mes cousines éloignée a fait le choix de cette vie en y assumant tous ses choix. Aucune aide du système français, elle vit avec son compagnon dans une yourte, dans laquelle elle a mis au monde son premier enfant, elle attend le deuxième. Ils cultivent un peu, s'arrangent avec les maraichers pour de l'échange ou de la vente de leur production. Ils sont sans doute les plus heureux du monde et je les respecte énormément car je trouve que ce choix de vie radical lorsqu'on a connu la vie autrement c'est une grande preuve de maturité, de responsabilité, de respect de soi.

Il y a encore peu je clamais haut et fort choisir la qualité de vie. Je n'ai jamais voulu faire carrière dans quoique ce soit et ferais toujours mon maximum pour une vie familiale privilégiée. Mais le résultat est bel et bien là. Ce choix est-il encore possible et si oui à quel prix ? Le bilan est lourd, difficile à assumer moralement depuis quelques mois, depuis qu'il faut se rendre à l'évidence mais il devient insupportable lorsqu'on arrive à échéance.

Il y a bientôt 7 ans un accident m'a fait perdre mon emploi, l'usage normal de ma cheville gauche et m'a confrontée à un débat houleux de plus de 5 ans avec les administrations. Physiquement plus apte à poursuivre mon parcours professionnel mais pas assez pour avoir droit à l'aide des organismes, il a fallu rebondir. Bientôt 3 ans que la boutique a vu le jour, avec plein de projets, d'envies, d'espoirs. Et puis finalement la conjoncture, la France, ... des raisons j'en ai plein. Octobre 2012, ça sent le souffre va falloir rebondir une fois de plus. Je reprends mes études par correspondance, graphiste/webdesigner. Caprice, pas de débouchés, pas de taff me dit-on à droite à gauche. Je sais. Mais j'ai toujours voulu faire cette formation et là en l'occurence il ne se passe rien, faut que ça bouge. 
Entre temps faisons les foufous, mon homme reprend une affaire, pizzeria à emporter. Ca marche les pizzas, non ? Le bilan est bon  y'a pas de raisons. Nous voilà tout deux à notre compte ...

Avril 2013 ...
un refrain tourne en boucle dans ma tête ...
Puisque on est jeune et con
Puisque ils sont vieux et fous
Puisque des hommes crévent sous les ponts
Et ce monde s'en fout
Puisqu'on est que des pions
Contents d'être à genoux
Puisque je sais qu'un jour nous gagnerons à devenir fous
Devenir fous, devenir fous...
 Fous, cons, inconscients .... un peu tout ça à la fois.
J'ai cramé la moitié de l'indemnisation de mon accident pour compenser les salaires que ni moi, ni mon chéri n'arrivons à se sortir. Je rends les armes bientôt, la boutique fermera peut être même ses portes. On pense à faire exorciser la pizzeria vu le nombre de chats noirs qu'elle nous a apportée depuis que l'homme y est.

Il y a 4 ans on a signé pour un appart avec notre puce dans mon ventre. C'est les 2 meilleures choses qui nous sont arrivées même si Minouchka est la meilleure d'entre elle. Mais ces deux raisons m'empêchent aujourd'hui, de clamer haut et fort sans mentir que je me fous du fric et que seule la qualité de vie prime. Je me fous de gagner de quoi me payer des vacances aux Maldives tous les hivers, de dormir dans de la soie, de bouffer dans un 3 étoiles tous les samedis, je me fous même de gagner de quoi me payer le luxe d'un ciné par mois ... J'espère juste trouver un taf qui me procure un minimum de satisfaction (je n'ose dire plaisir car je crois que j'en demande trop) mais surtout qui m'apporte un salaire fixe tous les mois. Juste de quoi payer les factures. Juste de savoir que le mois prochain ça tombe, no worry.

Actuellement je suis gérante d'un commerce et propriétaire. En France ça veut dire, pigeon en Porsche. Chef d'entreprise et proprio, de quoi s'attirer toutes les critiques et jalousies. Car en France tenter de s'en sortir, essayer de mener sa barque, faire le choix d'assumer des choix et construire quelque chose c'est la pire chose à faire. C'est se tirer une balle dans le pied. C'est l'étiquette d'une retraite dorée au soleil, d'une personne que l'on méprise, qui n'a pas le droit de demander quoique ce soit, de vouloir quoique ce soit .... C'est la vache à traire plutôt. Car en France être chef d'entreprise c'est être Carlos Ghosn. C'est pas possible dans la tête du français d'imaginer que tu puisses être chef d'entreprise et être sans le sou. En France, on pense sûrement que j'ai payé mon appart cash et que je place mes bénéfices. 

Ne regrette rien ... J'essaye tant bien que mal de transformer cette phrase en mantra. Mais cette fois-ci j'ai la trouille. Pour de bon. On lâche rien. Pour le moment ....

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